Du 18 au 21 Mai 2010 - Uyuni (Bolivie)
Parfois, traverser une frontière vous fait également traverser le temps… Après nos séjours en Australasie, au Chili et en Argentine, nous avions perdu de vue le décalage qu'il peut y avoir sur cette mince bande de terre entre deux nations voisines. Nous quittons donc l'Argentine (au fait, si ça intéresse quelqu'un, la frontière argentine ouvre à 7h00, pas à 6h00... Attendre une heure dans le froid et la nuit n'est pas obligatoire) et sommes accueillis très gentiment par un douanier Bolivien éclairant son poste de travail avec une bougie… Coupure de courant générale pour commencer ! C'est une première, un tampon de passeport à la cire…
Arrivés en Bolivie, escortant nos deux nouvelles amies japonaises rencontrées à la frontière, nous continuons notre voyage en bus entamé à Salta (8h00 pour arriver à la frontière), direction Tupiza puis directement Uyuni ! Au total près de 15h00 de transport, avec un dénivelé de près de 2500 mètres… Un peu fatigués à l'arrivée…
Uyuni donc ! Difficile à décrire… Jusqu'à il y a encore 20 ans, Uyuni était uniquement un village de mineurs, exploitant les richesses souterraines de cette zone. Depuis que les touristes ont fait du "Salar" un lieu inévitable pour les voyages dans la région, le centre de cette ville de 11.000 habitants est un bric-à-brac d'agences de voyage, d'hôtels bon marché et de pizzerias. Toujours avec nos deux sympathiques japonaises (courageuses : elles voyagent dans toute l'Amérique du Sud sans parler un mot d'Espagnol et très peu anglais), nous partons donc pour la "seule" attraction de la région : un voyage de 3 jours au travers du fameux "Salar", mais aussi des nombreuses lagunes, volcans et étrangetés géologiques de la zone sud-ouest de la Bolivie. À 6 dans la voiture, un couple de Hollandais nous a rejoint, et avec le sympathique Roberto, notre Chauffeur-Guide-Cuisinier-Mécano, nous partons donc pour 72 heures de trajet.
Le Salar tout d'abord ! Nous en avons eu un aperçu à Salta, mais ici, les dimensions sont titanesques… Contrairement au Salinas Grandes de Salta, le Salar est le résultat de l'évaporation d'une gigantesque mer intérieure, probablement prise au piège par l'écrasement des plaques tectoniques à l'origine de la formation des Andes. Le résultat est démesuré… A perte de vue, un paysage blanc immaculé, avec au loin des montagnes et des volcans pointant des sommets à près de 6.000 mètres. Une couche de plus de 120 mètres de profondeur est exploitée depuis des siècles, et encore aujourd'hui, des hommes se font bruler par le soleil et la réverbération pour récolter le sel, pour des prix dérisoires… Nous sommes à 3.500 mètres d'altitude, le point le moins élevé de l'altiplano Bolivien. Preuve de l'existence d'une mer intérieure, une île faite de rochers coralliens se dresse en plein milieu de l'étendue blanche. Elle est aujourd'hui envahie de gigantesques cactus, certains millénaires. Évidement, comme à Salta, nous ne pouvons résister à l'envie de faire les fameuses photos débiles que tous les touristes font sur cette immense plage de sel… Nul par ailleurs on peut obtenir cette impression où les perspectives disparaissent !
Comme pour la lessive, après le blanc, les couleurs ! Nous quittons rapidement ces étendues vierges pour des lagunes, dispersées le long du chemin vers le sud et la frontière chilienne. Nous grimpons progressivement sur l'altiplano pour rencontrer les quelques flamands roses qui, n'ayant pas encore pris leurs quartiers d'été au Chili, vivent dans ces espèces de lagunes au couleurs étranges, mélange de micro-organismes colorant l'eau et de minerais, notamment le borax, donnant sa couleur blanche au rives. Entre la lagune colorée (rouge) et la lagune verte au pied du majestueux volcan Licancabur, s'élevant à près de 6.000 mètres à la frontière chilienne, c'est un mélange de blanc (borax et glace mêlées), de rose (flamands), de rouge et de vert (pour l'eau). Cette dernière lagune sera d'ailleurs le point le plus haut de notre voyage, culminant à près de 5.000 mètres.
Au cours de notre petit voyage en 4X4, nous avons eu la chance de croiser certaines des espèces locales... Parfois un peu étranges... Tel ce Viscacha, espèce de croisement entre un lapin, un rat et un écureuil... Mais également les fameux lamas et vigognes (camélidés locaux), le lama, calme et blasé des touristes et la vigogne, à l'état sauvage, elle, et plus vive que sa cousine. Et encore un renard, andin cette fois-ci et quelques condors, malheureusement trop loin pour être pris en photo !
Entre ces lagunes se trouvent des formations rocheuses étranges, notamment cet arbre de pierre, ou encore des formations de roches colorées par divers oxydes (comme à Salta) ou enfin des paysages rappellent furieusement les tableaux de Dali (ou les images de Mars prises par la NASA, ça dépend de vous).
Mais la région n'est pas seulement faite de montagnes, également de volcans. Certains semi-actifs comme le cratère joliment nommé "Soleil du matin", car les volutes de fumées sont visibles le matin, "à la fraiche" (ce n'est pas un jeu de mot… Il gèle) ! L'activité volcanique nous permet d'ailleurs de prendre le bain le plus haut du monde (pour nous en tous cas !), des thermes à près de 5.000 mètres donnent un aperçu de l'activité volcanique sous jacente et surtout du décalage de températures entre l'air (-8°) et l'eau (35°) ! On s'est dépêché de se sécher en sortant de l'eau !
Enfin, le retour à Uyuni se fait par le cimetière des trains, de vieilles machines a vapeur venant d'Angleterre pour transporter les minerais jusqu'aux ports chiliens.
3 jours à voir de superbes choses, et à dormir dans des poulaillers, les standards touristiques n'étant définitivement pas les mêmes qu'en Argentine ;o)